Le terme "intelligence artificielle" a été inventé par John McCarthy en 1956 et désigne la science et l'ingénierie de la fabrication de machines intelligentes. Le terme utilisé aujourd'hui concerne le domaine d'étude qui produit des ordinateurs capables de s'engager dans des processus de pensée semblables à ceux de l'homme, tels que l'apprentissage, l'adaptation et l'auto-correction, atteignant dans certains cas la conscience.
Est-ce qu'une machine peut être intuitive ? Est-ce que l'intuition est une qualité purement humaine ? Y a-t-il dans la création artistique autre chose qu'une somme d'opérations cognitives et culturelles aboutissant à une "rencontre" avec l'expérience du beau ? Qu'est-ce qui nous permet, dans la question des intelligences artificielles, d'interroger dans les fantasmes et lieux communs de l'idée de création artistique, de "génie", d'inspiration ? Qu'est-ce d'ailleurs que l' "intuition" ? Une somme de processus cognitifs court-circuitant, par leur rapidité, ou par leur dérobement au langage, la réflexion consciente et ordonnée ?
Opposer l'IA à l'intuition artistique, est-ce que cela ne revient pas à opposer, au fantasme d'une artificialité menaçante, d'une invention prête à se retourner contre son-sa créateurice, une autre construction culturelle et biaisée, celle d'un jardin secret subconscient, incalculable, impondérable, profondément humain et spirituel ?
Cela ouvre à la question des logiques et des processus matériels qui président à la production : la production artistique, sa nature culturelle, référentielle, ses aspects financiers et institutionnels, et les processus cognitifs en jeux ; la production de richesse, la réduction des coûts et de la contingence humaine que permettent les environnements médiatiques numériques et les "Intelligences artificielles", mais aussi leurs potentialités créatives.
Résister à la marche forcée de la production, de l'innovation, en s'appropriant ces outils, en conjugant "désobéissance technologique", éducation populaire et arts de faire, permet d'ouvrir la "boite noire" de nos rapports quasi animistes à la technologie, et ainsi de comprendre que cette dernière n'est qu'un reflet de nous-mêmes.